Eglise Réflexion | 12.2020

Cette seconde vague de la pandémie du Covid-19 a contraint les gouvernements à imposer de nouvelles restrictions aux libertés de se déplacer, de commercer et de se rassembler pour toutes sortes de manifestations, y compris dans l’espace privé. Donnant l’impression souvent de naviguer à vue au gré des courbes statistiques de contaminations et hospitalisations pour ne pas parler des décès, l’autorité publique doit faire preuve de pédagogie pour responsabiliser la population sans augmenter son anxiété et pour soutenir le monde économique sans créer trop d’injustices. Dans cet exercice d’équilibriste, la priorité est donnée aux biens qualifiés d’essentiels (répondant au premier niveau de la pyramide de Maslow, c’est-à-dire à la survie biologique, alimentation et santé « essentiellement ») comme si les cultes et la culture ne l’étaient pas tout autant pour honorer ce qui donne sens et ouverture à nos existences. On peut comprendre des mesures de précaution face à tout rassemblement en milieu clos mais certaines interdictions, en particulier celles des messes comme cela a été le cas en France et à Genève et encore jusqu’au 15 janvier en Belgique, sont fort mal vécus par certains catholiques alors que les Eglises se sont montrées particulièrement responsables dans l’application de protocoles sanitaires. Des recours auprès du Conseil d’Etat en France ou des mesures suspensives à Genève ont heureusement permis de revoir les restrictions imposées mais il aura fallu une mobilisation médiatique et des actions en justice pour être entendus. Une fois de plus, une certaine conception de la laïcité fait la démonstration de sa difficulté à intégrer le fait religieux dans l’espace public et à promouvoir un véritable esprit de dialogue et de débat sur ces questions. Pourtant, des instances pour le mettre en œuvre ne manquent pas. On peut se demander si cela ne révèle pas un a priori de la société sécularisée que la religion est finalement une affaire de conscience personnelle et que les Eglises plus ou moins en voie de disparition en Europe de l’Ouest sont devenus insignifiantes. Mais qu’est-ce qui fait sens aujourd’hui dans cette crise ?  En y regardant de plus près, on verra que les communautés manifestent une capacité à s’adapter, non seulement par l’emploi de moyens numériques pour entretenir des liens sociaux, des partages de nouvelles et des formations mais aussi dans le domaine de la solidarité et du soutien des personnes les plus vulnérables. Toute une dimension diaconale se vit dans la discrétion mais rappelle fort heureusement que la vie religieuse ne saurait se réduire au maintien de l’accès aux messes et autres sacrements. Dans le partage de la Parole de Dieu, l’écoute des souffrants et ceux qui tombent dans la pauvreté, l’Evangile s’écrit dans la modestie qui ne saurait être réduite à de l’insignifiance. Le recul du temps permettra de voir ce qui se joue là pour l’avenir de nos Eglises. Nous aurons l’occasion de le faire en 2022 lors d’une seconde édition de l’université de la diaconie en Suisse romande. Alain Viret