
Grande joie pour les diocèses de Sion et de Lausanne, Genève et Fribourg qui célèbrent en ce mois de juin l’ordination presbytérale de Vincent Lathion, Josef Guentensperger, Pablo Pico et Giuseppe Foletti arrivés en fin de formation. Une joie qui sera moins visible que d’habitude en raison des prescriptions sanitaires liées à la pandémie du Covid-19. Le nombre de places disponibles pour les fidèles et les prêtres qui peuvent y participer physiquement sont comptées. La première de ces ordinations a eu lieu dimanche passée à la cathédrale de Fribourg qui ne peut pas recevoir plus de 70 personnes.
Nous nous sommes maintenant presque habitués aux masques et à l’usage du gel hydroalcoolique, aussi dans les églises. Mais le nombre restreint de participants régulièrement répartis dans l’espace, les quatre chanteurs tolérés (et qui sont d’ailleurs les seuls qui ont le droit de chanter !), la liturgie simplifiée pour éviter les contacts à moins de deux mètres (pas d’encens, moins de mouvements, moins d’intervenants) donnent une tonalité nouvelle. La célébration est paisible : nous nous surprenons à redécouvrir que la sobriété et le silence conviennent si bien à la liturgie.
Ce qui est le plus marquant cependant, c’est la place que prend la Communauté au cœur même de ces liturgies dont l’assistance physique est restreinte. Durant la litanie des saints, en entendant la longue prière d’ordination et en récitant le Credo, nous prenons conscience que ce qui est en train de se passer ici à huis-clos est un acte dont la portée dépasse largement l’espace et les conditions limitantes du rassemblement : nous sommes au cœur de l’Eglise Communion. Nous nous rappelons que nous recevons de la longue histoire du Peuple de Dieu le rituel sobre qui est en train de se dérouler ; la communion avec les saints qui nous ont précédés revêt une dimension particulière ; nous nous savons en communion avec celles et ceux qui n’ont pas pu venir mais qui nous ont assurés de leur désir d’être présents ; nous éprouvons une proximité insoupçonnée avec les millions de prêtres et de fidèles qui doivent se cacher pour célébrer leur foi dans le confinement imposé par des totalitarismes de tous genres.
Je suis toujours ému et heureux de présenter à l’évêque, au nom de l’Eglise, un candidat à l’ordination presbytérale. Ému, parce qu’à cette occasion je me remémore les longues années d’études, de prière, de formation et de vie commune partagées avec lui, avec tout ce qu’elles recèlent de joie et de moments plus difficiles. Heureux, parce qu’en présentant le candidat je m’associe à celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, l’ont lancé dans la vie. Et c’est beau de voir grandir la vie d’un autre, surtout quand on voit la Vie de Dieu se frayer un chemin dans cette vie humaine. Mais cette année le contexte de la célébration à huis-clos m’a fait mieux prendre conscience combien le mystère célébré est vraiment la rencontre du Christ et de l’humanité sauvée, rencontre à laquelle nous sommes simplement, silencieusement et sobrement associés en vérité. C’est le drame de l’amour de Dieu !
Nicolas Glasson